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actions y appartenait au Dr Thiriar, mais personne ne douta que cet honorable praticien ne fût un prête-nom.

Enfin, vers la mi-janvier, on révéla l’existence d’une troisième personne morale, due également aux œuvres de Léopold II, la fameuse Fondation de Niederfullbach, qui possédait ou détenait des immeubles et des capitaux d’une valeur totale dépassant quarante millions.

Ajoutons, pour être complet, que l’on trouva dans la succession, au lieu des quinze millions dont parlait le testament, vingt millions en valeurs diverses.

Bref, à supposer que les biens de Niederfullbach, de la Société de la Côte d’Azur, ou de la Compagnie des Sites, appartinssent au Roi et dussent être compris dans sa succession, ce n’est pas à quinze millions, mais à quatre-vingts millions et plus que cette dernière devait être évaluée.

Aussi discutait-on, à grands renforts d’arguments juridiques, la question de savoir si les fondations et sociétés royales étaient valables, lorsqu’une note, parue dans un journal bruxellois, la Gazette, vint révéler un fait nouveau, d’une gravité indéniable, qui devait nécessairement transporter le débat sur un autre terrain.

La Gazette, en effet, affirmait l’existence, dans le patrimoine personnel du Roi et dans la Fondation de Niederfullbach, d’un nombre considérable de fonds de l’État congolais, dont on ne tarda pas à connaître le relevé exact : il y en avait pour 11.436.500 francs dans le patrimoine personnel et pour 13.640.000 francs dans la Fondation, soit, en tout pour 25.076.500 francs.

Cela étant, il était impossible de ne pas se demander d’où venaient ces fonds d’État congolais, et comme il était peu probable que le Souverain les eût achetés, comme il avait d’autre part déclaré qu’il ne réclamait rien pour le remboursement de ses avances au Congo, la présence de fonds congolais dans sa succession devait nécessairement donner lieu à des suppositions fâcheuses.