Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/151

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De ce moment, d’ailleurs, les révélations se multiplièrent, et, finalement, les journaux officieux déclarèrent qu’il y avait eu de la part du roi Léopold II des réticences, au sujet de valeurs considérables ayant fait partie du patrimoine de la Fondation de la Couronne ; que ces réticences avaient été découvertes au cours des discussions ouvertes sur la succession royale ; qu’au surplus, rien n’était perdu, puisque les valeurs se trouvaient dans les nouvelles fondations.

On reconnaissait, par conséquent, cette chose énorme qu’en 1908, contrairement aux déclarations formelles du Gouvernement, le Roi n’avait pas remis à la Belgique tout l’avoir du Congo ou de la Fondation de la Couronne, qu’il avait gardé par devers lui une partie considérable de cet avoir, que les millions ainsi retenus se trouvaient, soit dans la Fondation de Niederfullbach, soit dans la Société de la Côte d’Azur, ou la Compagnie des Sites.

Quant à la destination et à l’importance des biens ainsi retenus, le Roi s’en était expliqué dans une lettre adressée, le 21 août 1909, à M. Pochez, fonctionnaire belge et trésorier de la Fondation de Niederfullbach.

D’après cette lettre, la fortune de Niederfullbach se composait, outre les immeubles, de titres valant 5 millions de marks et de titres valant 26.430.000 francs, qui y étaient simplement déposés et devaient servir, soit à subventionner la Société de la Côte d’Azur, soit à exécuter, par l’intermédiaire de la Compagnie de Sites, des vastes travaux publics, soit à aider au développement de la marine marchande.

Nous retrouvons donc, dans la lettre à M. Pochez, toutes les idées qui ont dominé le Roi, dès le début de son règne.

C’est pour favoriser l’expansion commerciale de la Belgique, pour la parer de monuments somptueux, pour être à même d’exécuter, sans devoir passer par les Chambres, d’immenses travaux publics, qu’il pressura pendant vingt ans les indigènes du Congo et que, devant le refus du Parlement de maintenir la Fondation de la Couronne, il ne craignit pas de recourir