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On a adopté le second de ces modes et l’on a réservé pour l’exploitation telle que la concevait l’État Indépendant, tous les territoires, ou à peu près, dont l’exploitation était restée, jusque dans ces derniers temps, rémunératrice pour le trésor. C’est ainsi que le budget a pu être bouclé. L’expérience faite, dans ces conditions, risque beaucoup d’être défavorable à l’extension du système adopté. Elle entraînera forcément des frictions, et il est à craindre que l’on ne tente de les exploiter en vue d’un retour en arrière, ou, tout au moins, du maintien du statu quo.

De quoi il résulte que, si rien n’est plus facile que de créer un mauvais système, rien n’est plus difficile que de le réformer. La Belgique aura maintes fois encore l’occasion de s’en apercevoir.

Sur un point, toutefois, nous ne pouvons partager les craintes de notre correspondant.

Le statu quo ne sera pas maintenu, parce que son maintien est moralement impossible et que, bon gré mal gré, spontanément ou contraint par l’opinion, le gouvernement belge devra renoncer à faire de la politique coloniale au rabais et poursuivre, coûte que coûte, l’œuvre commencée des réformes.

Dès à présent, d’ailleurs, il est certain que, lors de la discussion du budget des colonies pour 1911, les partisans de l’abolition radicale du système Léopoldien reviendront à la charge, demanderont que les décrets de 1910 soient complétés par des mesures plus décisives, et insisteront auprès du gouvernement pour que, le plus tôt possible, la question des sociétés concessionnaires soit réglée, au mieux des intérêts de la colonie et des populations indigènes.

Au surplus, cette question, qui paraissait à l’origine si épineuse et si grosse de conséquences financières, ne demande, pour être résolue d’une manière satisfaisante, qu’une attitude énergique de la part de l’État.

Si l’on regarde la carte des réformes annexée au budget de 1910, on constate que les « blancs », qui désignent les territoires concédés et font comme des taches de pelade dans les zones de liberté commerciale, sont au nombre de sept et se