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CHAPITRE II

LE SOCIALISME ET LA QUESTION DU DOMAINE


Il faut rendre. Rien n’est à nous de ce que nous avons cru notre bien. Si ce bien nous a empoisonnés, nous a détruits, c’est qu’il était le bien des autres… Pour notre bonheur à nous, pour le bonheur de tous, il faut rendre, il faut rendre.
Émile Zola.


En Europe, les socialistes sont partisans de la socialisation du sol, comme des autres moyens de production, et considèrent, pour la plupart, que le développement des régies constitue un acheminement vers leur idéal collectiviste. En Afrique, au contraire, et notamment au Congo, ils se prononcent contre la thèse de la domanialité, telle du moins que l’État Indépendant l’a comprise, et demandent que l’on substitue la liberté du commerce à « l’exploitation en régie » des forêts domaniales.

Il y a, dans ces attitudes, une contradiction apparente, que des publicistes, adversaires du socialisme en même temps que partisans du régime Léopoldien, n’ont pas manqué de relever.

Nous serions bien aises — disait l’un d’eux, en 1908[1] — de voir ces messieurs (les radicaux et les socialistes) expliquer la contradiction entre l’attitude qu’ils ont dans la politique intérieure et celle qu’ils adoptent pour le Congo, en matière foncière, dans la question du Domaine. Quand il s’agit de la politique belge, ils crient comme des brûlés, chaque fois qu’on n’agrandit pas le domaine de l’État. S’agit-il des forêts, ils réclament leur rachat par la collectivité. S’agit-il des mines, c’est la même chose, et

  1. La Question du Domaine et la liberté de la rafle. Brochure du Comité de propagande coloniale, p. 10.