Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/180

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souvenons-nous des clameurs qu’ils poussent quand on parle des mines de la Campine. Suivant eux, l’État devrait les proclamer parties du Domaine et les exploiter, comme fait, du reste, l’État prussien. Bref, quand il s’agit de ce qui se passe en Belgique, ils réclament précisément le système qu’ils attaquent furieusement lorsqu’il s’agit, non plus du sol et du sous-sol belge, mais de notre patrimoine congolais.

Cette argumentation, qui est, peut être, de nature à faire impression sur des gens non avertis, repose tout entière sur une simple piperie de mots.

Qu’est-ce, en effet, que l’exploitation en régie, directe ou indirecte, des forêts congolaises, dont ou annonce aujourd’hui la suppression graduelle ?

C’est, en réalité, l’exploitation de ces forêts par le travail forcé des indigènes ; c’est, sous prétexte d’impôts en nature, la mise en servage des populations, contraintes tous les mois, tous les deux mois ou tous les trimestres, à consacrer une, deux ou trois semaines de leur temps, à fournir des prestations en caoutchouc ou en copal, au seigneur de la terre, à Bula Matadi.

Qu’est-ce, d’autre part, que l’incorporation des terres, dites vacantes, dans le Domaine de l’État ?

C’est, en réalité, la confiscation de la presque totalité du territoire, au profit d’un État qui représente plus les intérêts des classes dirigeantes de la métropole que les intérêts des indigènes, sans tenir compte des droits collectifs d’occupation que les communautés de village possèdent, de temps immémorial, sur les forêts que l’on incorpore ainsi au Domaine.

Par conséquent, demander, au Congo, l’abolition du système de la régie, c’est demander l’abolition du servage ; réclamer, sinon la suppression, du moins une transformation complète de la notion du Domaine, c’est défendre le droit des communautés indigènes sur le sol patrimonial et sur les produits naturels de ce sol.

Aussi pouvons-nous, sans illogisme, nous réjouir de ce que