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Le P. Vermeerseh, tout d’abord, résumant dans son livre sur la Question Congolaise, des données qui lui ont été fournies par un grand nombre de missionnaires, s’exprime en ces termes :

La propriété définitive et stable, les indigènes la connaissent sous la forme collective, la communauté étant le village ou la tribu. Cette propriété s’étend, d’ordinaire, sur tout le territoire sur lequel le chef exerce sa juridiction. Les limites sont, d’ailleurs, nettement définies. Il suffit de poser la question : « À qui cette terre ? » pour obtenir la réponse : « Ceci est de tel chef ; jusque-la c’est à un tel[1]. »

Peut-être objectera-t-on que les témoignages recueillis par le P. Vermeerseh se rapportent surtout aux régions du Bas Congo et du Kwango où les jésuites ont leurs principaux établissements.

Mais dans le livre de E.-D. Morel, Great Britain and the Congo, on trouvera, dans l’important chapitre consacré à cette question, de très nombreux extraits de lettres et d’ouvrages des missionnaires protestants établis dans le Haut Congo, tels que MM. Scrivener (Bolobo), Charles Padfield et Harris (Lopori-Maringa), Charles Bond (Lulonga), Weeks (Bangala), etc., qui tendent également à établir que la plupart des terres dites vacantes, dans les régions qu’ils connaissent le mieux, sont, en réalité, des « communaux ».

Voici, par exemple, ce que dit le révérend John Weeks, établi depuis vingt-cinq ans au Congo, sur le régime de la propriété du sol chez les Bangala :

Le territoire environnant un village appartient aux habitants de ce village. Certaines limites naturelles, comme les rivières ou les forêts, sont acceptées comme lignes de démarcation entre les territoires. Si un village se trouve rapproché d’un autre, leurs territoires se touchent. Mais, s’il en est autrement, il y a, entre les deux territoires, une zone neutre, dans laquelle les habitants des deux villages peuvent, à leur guise, chasser, couper du bois, etc. Dans les limites du territoire, les indigènes peuvent établir leurs cultures et bâtir leurs huttes comme ils l’entendent, pourvu que la parcelle qu’ils choisissent ne soit pas déjà occupée. La prio-

  1. Voir Vermeersch. La Question congolaise, pp. 112 et suiv.