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tant que représentant les communautés indigènes, sur toutes les parties du territoire qui ne font pas l’objet d’une appropriation privée.

Mais M. Vauthier va plus loin. D’accord avec M. Renkin, il se refuse à admettre que les indigènes aient le domaine utile des territoires qu’ils habitent. Il ne voit dans le fait de leur attribuer la disposition des produits naturels du sol, qu’une concession gracieuse, à titre précaire. Il crée, en faveur de l’État propriétaire, une présomption de vacance qui ne tient que très insuffisamment compte des droits collectifs appartenant aux communautés d’habitants.

Pareil système s’inspire d’une conception autoritaire qui n’est pas seulement contraire aux idées modernes sur la colonisation, mais aux stipulations des traités conclus naguère avec les indigènes, et aux droits collectifs qu’ils possèdent sur leur sol natal.

Nous avons montré, en effet, que si Boula Matadi s’est établi au Congo, ce n’est pas en conquérant, mais en protecteur, et que si, dans la suite, il s’est conduit en maître, en propriétaire du sol, ce n’est pas conformément aux traités conclus avec les chefs locaux, mais en agissant à l’encontre du texte et de l’esprit de ces traités.

D’ailleurs, malgré ses empiétements sur les terres et sur la liberté des habitants, il a toujours reconnu en principe que les droits des indigènes devaient être respectés.

Or, si incomplètes et si insuffisantes qu’aient été les recherches faites, jusqu’ici, sur les formes primitives de la propriété au Congo, et malgré les différences plus ou moins superficielles que ces modes d’appropriation peuvent présenter de région en région, il n’est pas sérieusement contestable que le régime dominant au Congo, comme d’ailleurs dans toute l’Afrique équatoriale, soit le régime de la communauté de village, de parenté ou de clan exerçant un droit de propriété collective sur son territoire.

Pour l’établir, nous avons à notre disposition toute une série de témoignages concordants.