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système de la liberté commerciale d’avoir pour corollaire inévitable l’exploitation abusive des forêts, d’être le système de la rafle ; et, à l’appui de cette assertion, on a cité de nombreux faits empruntés à l’histoire de l’exploitation des forêts dans le Lagos, dans le Nigeria et dans d’autres colonies où les indigènes disposaient librement des fruits du sol.

Mais le même reproche peut être fait, en prenant des exemples au Congo belge ou au Congo français, à l’exploitation par l’État ou à l’exploitation par des compagnies concessionnaires ; et, en somme, la vérité est que, dans toutes les colonies, et quel que fût le système adopté, on a, pendant la période des débuts, livré les forêts à un véritable pillage, sans autre préoccupation que d’en tirer, le plus rapidement possible, la plus grande quantité possible de caoutchouc et d’autres produits naturels[1].

Il va de soi, que, dans ces conditions, des mesures réglementaires qui, d’ailleurs, existent aujourd’hui dans toutes les colonies, s’imposent, soit pour conserver les peuplements existants, soit pour assurer la constitution de peuplements nouveaux.

3. Les pratiques commerciales. — Ceux qui opposent aux abus, trop réels, de l’exploitation dite en régie, les avantages, incontestables, de la liberté commerciale, qui, par suite de la concurrence, donne aux indigènes la possibilité d’obtenir pour leurs produits des prix plus élevés, oublient cependant un peu trop que, dans nombre de cas, sous le régime du laisser faire, des trafiquants peu scrupuleux se rendent coupables de fraudes et de tromperies vraiment odieuses.

Dans son livre sur l’Afrique occidentale française[2], M. Deherme cite, à cet égard, nombre de faits tristement suggestifs.

En voici quelques-uns, choisis parmi les plus caractéristiques :

  1. Cf. M. Yves Henry, dans son livre : Le caoutchouc dans l’Afrique occidentale française, p. 124.
  2. Pages 98 et suiv.