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Mais, si l’exemple de la plupart des colonies semble leur donner raison, peut-être un examen plus approfondi les convaincrait-il, comme il nous a convaincu nous-mêmes, qu’il faut se garder, en cette matière, de conclusions trop absolues, et que, si le problème de la main-d’œuvre libre, dans les pays tropicaux, est un problème difficile, ce n’est pas un problème insoluble.


§ 2. — Les difficultés du problème de la main-d’œuvre


Les difficultés du problème de la main-d’œuvre, dans les pays tropicaux, tiennent à la fois au climat, à la mentalité des indigènes et, surtout, aux conditions économiques qui jouent, ici comme ailleurs, un rôle prépondérant.

Tout d’abord, il est certain que l’homme est moins disposé au travail dans la zone torride que dans les pays tempérés, et ce, d’ailleurs, pour des raisons d’ordre économique plutôt que pour des raisons d’ordre physique.

Quand on voit, par exemple, un indigène pagayer tout une journée, faire vingt-cinq kilomètres avec une charge de trente à quarante kilos, venir d’un village éloigné de cinq à six lieues pour troquer une poule contre une poignée de perles, on se rend compte que si, peut-être, l’énergie musculaire est moindre sous l’Équateur qu’en Europe, les noirs n’en sont pas moins capables de fournir un travail intensif. S’ils ne le font pas, s’ils répugnent surtout à travailler régulièrement, ce n’est point parce que le climat les en empêche, mais parce qu’il leur permet de vivre sans devoir faire de grands efforts.

C’est ce qu’explique fort bien Mgr Augouard, dans une lettre datée de Brazzaville, 28 avril 1900 :

Le noir a peu de besoins : une case en paille de deux jours de travail suffit amplement à le garantir de la pluie : le bois ramassé dans la forêt toute voisine suffit à sa cuisine élémentaire ; inutile de se protéger du froid par des habitations solides, des