Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/206

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habits épais ou des calorifères, puisque le thermomètre ne varie qu’entre 20 et 40 degrés de chaleur ; un léger pagne en fil de palmier ou d’ananas lui couvre la ceinture et lui semble plus commode que nos habits européens ; la femme, qui travaille la terre pendant vingt-cinq ou trente jours par an, suffit amplement pour donner à la famille le manioc ou le maïs dont elle a besoin : quelques bananiers poussant sans soins autour des cases donnent quelques desserts ; si une bonne aubaine se présente, le mari daignera prendre son fusil pour concourir a l’assaut d’un éléphant, d’un buffle ou d’une antilope, dont la part qui lui revient sera dévorée le jour même ; les enfants chercheront leur nourriture en fouillant dans les marécages pour y pêcher du poisson ou en tendant des pièges dans les forêts, pour y attraper chauves-souris, rats, serpents, grillons, chenilles, etc. Voilà le résumé fidèle de la vie d’un noir qui se respecte, et les esclaves eux-mêmes n’en feront guère plus que leurs maîtres. Dans le nombre, on trouve quelques noirs qui travaillent, mais ils ne le font que s’ils y sont forcés ou s’ils ont quelque palabre à payer en étoffes ou autres marchandises européennes ; dans tous les cas, ils sont toujours méprisés par les autres et quittent le travail dès qu’ils en ont la possibilité.

Cette absence de besoins chez l’indigène du Congo, est, évidemment, chose relative et transitoire. Elle ne tient pas à la race, mais aux conditions de milieu. On la retrouve chez les lazzaroni de Naples, qui, d’ailleurs, émigrés à la Nouvelle-Orléans, deviennent des travailleurs infatigables. On ne la retrouve pas chez les noirs de la cote, Akkras, Kroumen, Sierra-Léonais, Sénégalais, qui font de longs voyages pour gagner de meilleurs salaires, dépensent beaucoup d’argent, soit pour augmenter leur bien-être, soit pour offrir des bijoux ou des étoffes à leurs femmes, et somme toute, ont autant de besoins que les manœuvres du port d’Anvers ou de Hambourg.

Mais, en fait, il n’est pas douteux que chez les indigènes de l’Afrique équatoriale — du Haut Congo belge ou français, par exemple — l’éducation des besoins soit, en général, à peine commencée, et que leur inclination au travail, ou du moins au travail régulier, soit aussi faible que possible.

Ce qui achève, du reste, de rendre, au Congo, comme dans