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et, aux dernières nouvelles, les difficultés subsistent : il a été impossible de terminer le wharf de Kilindini (Mombasa), et certains travaux du chemin de fer de l’Uganda ont dû être faits à l’aide de coolies hindous, engagés à long terme (indentured).

III. Colonies françaises. — En principe, le travail forcé n’existe plus dans les colonies françaises du continent africain, où, jusque dans ces dernières années, on avait recours à la réquisition et au portage obligatoire. De même, à Madagascar, où un arrêté du 21 octobre 1896 décidait que tout homme valide devait fournir cinquante journées de travail par an pour le service des travaux publics, la corvée a été définitivement abolie par l’arrêté du 31 décembre 1900[1].

Mais, en fait, on continue, dans beaucoup de régions, à réquisitionner des porteurs ; on a eu recours à l’intervention des chefs, obligeant leurs sujets à travailler, pour construire le chemin de fer du Dahomey ; et si les compagnies concessionnaires, qui disposent de la presque totalité du Congo français, n’ont pas, légalement, le droit de contraindre les noirs au travail, elles profitent de ce que le territoire est très insuffisamment occupé pour agir comme si elles l’avaient.

En fait — dit Félicien Challaye[2] — les agents blancs des compagnies concessionnaires, dans l’intérieur du pays, se font souvent appeler commandants et traiter comme tels. Les indigènes de certaines régions, qui appellent gardes-pavillons les agents noirs de l’État, donnent aux agents noirs des compagnies concessionnaires ce nom spirituel : garde pavillon caoutchouc. Certaines compagnies équipent elles-mêmes des travailleurs armés (plusieurs sont des déserteurs de l’État Indépendant, habitués aux pires besognes), d’autres utilisent et paient des gardes régionaux prêtés par l’État. Travailleurs armés et gardes régionaux servent, dit-on, a maintenir l’ordre : en réalité, c’est surtout à terroriser les indigènes par la vue de leurs fusils. Quand la menace ne suffit pas,

  1. Girault. Principes de colonisation et de législation coloniale, II, p. 477 Paris, 1907.
  2. Le Congo français, p. 191 (F. Alcan.)