Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/217

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on emploie, la violence pour obliger les noirs à aller chercher du caoutchouc. On les emprisonne. On enlève comme otages leurs femmes et leurs enfants. On arrête le chef du village, on l’amarre, comme on dit là-bas, et on ne le relâche que contre une certaine quantité de caoutchouc ou d’ivoire. On fusille les récalcitrants.

Depuis le voyage de Challaye, qui fit partie de la dernière mission de Brazza, la situation parait s’être quelque peu améliorée, et dans le rapport sur le Congo français pour 1907-1908, le Gouverneur général d’alors, M. Gentil, qui fut lui-même l’objet de graves accusations, déclare que tous les indigènes du Congo ne sont pas réfractaires au travail, que beaucoup d’entre eux — les Loangos, les Bacongos, par exemple — fournissent d’excellents porteurs et que beaucoup d’autres indigènes de l’intérieur offriraient volontiers leurs bras, s’ils étaient assurés d’un salaire rémunérateur.

Mais, pendant trop longtemps, ce salaire a été insuffisant et l’est encore. Pendant trop longtemps, il a été payé en perles et en étoffes, quand il ne l’était pas en alcool, en fusils et en poudre de traite.

Le paiement en alcool des porteurs loangos, notamment — dit, M. Gentil, — a été la cause d’une diminution rapide et sûre de ces excellents travailleurs, qui s’engageaient volontiers pour plusieurs années ; et si, à l’heure actuelle, on ne peut plus compter sur cette précieuse réserve pour fournir la main-d’œuvre nécessaire, il faut l’attribuer aux méthodes que je viens d’indiquer. Et c’est pour éviter le retour d’abus de ce genre que l’administration locale a pris la sage mesure, en 1907, d’empêcher radicalement l’introduction de l’alcool dans le haut pays.

Qu’on se décide également à payer en argent un salaire suffisant, et je suis persuadé qu’au bout de peu de temps on trouvera en quantité suffisante la main-d’œuvre dont on a besoin. Et qu’on ne vienne pas dire que cette main-d’œuvre est de qualité aussi inférieure qu’on veut bien le proclamer. Je n’en veux pour preuve que les résultats obtenus par la Compagnie du chemin de fer belge, avec ses travailleurs Bacongos, dont un certain nombre font de parfaits chefs d’équipe, voire de très bons mécaniciens.

IV. Colonies portugaises — Si les formes modernes du travail forcé ont trouvé dans l’État du Congo un terrain de déve-