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bre 1902 et du 29 janvier 1903, reproduisirent, en les renforçant, les dispositions du décret de 1889 sur l’obligation légale du travail, avec choix des occupations, et réglementèrent minutieusement les conditions dans lesquelles des travailleurs, des serviçaos, pourraient être recrutés pour être envoyés dans les plantations de cacao de San Thome ou de Principe.

On sait aujourd’hui, par les témoignages de Thomas Reed, de Nevinson, et, surtout, de Jos. Burtt, délégué à San Thome par quatre grandes fermes de cacao anglaises, à quels abus ce régime a donné naissance.

Tandis que, sur le territoire de la Compagnie du Mozambique, les autorités se bornaient généralement à user, pour obtenir des travailleurs de l’intermédiaire des chefs indigènes, dans l’Angola, des chasseurs d’hommes parcouraient, en bandes armées, les provinces reculées de la colonie, ou les districts voisins, du Kasaï, faisaient de véritables razzias d’esclaves, et avec le consentement tacite des autorités portugaises, envoyaient, chaque année, des centaines de serviçaos dans les plantations insulaires.

Le rapport de J. Burtt constate, à ce sujet, les faits suivants :

a) La grande majorité des natifs de l’Angola qui sont pris pour San Thome, sont envoyés à la côte et embarqués contre leur volonté ; par conséquent, alors même qu’ils acceptent de passer contrat, c’est sous la pression des circonstances et non de leur libre vouloir.

b) Les lois de rapatriation, bonnes en principe, restent lettre morte.

c) Les indigènes sont victimes d’innombrables attentats contre leurs personnes, qui sont la conséquence inévitable du système et ne prendront fin que le jour où le travail, au lieu d’être nominalement libre, le sera réellement.

d) Dans les îles mêmes, le traitement des indigènes est excellent, tout au moins dans les grandes exploitations : mais en dépit d’une bonne alimentation, d’un travail sain, du traite-