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loppement particulièrement favorable, c’est, sans doute, dans les colonies portugaises que l’on trouve les survivances les plus nombreuses de l’esclavage et de la traite.

En 1875, il est vrai, la Loi de libération proclama que la liberté des noirs était garantie et assurée dans toute l’étendue des colonies portugaises, mais dans la suite, une série de décrets furent édictés qui, sous des apparences philanthropiques, avaient en réalité pour but de rétablir ou de conserver la contrainte au travail.

C’est ainsi, par exemple, que dans un mémoire justificatif présenté à la Conférence internationale de Bruxelles, on disait, à propos de l’un de ces décrets, en date du 9 novembre 1889 :

Le décret, reconnaissant la nécessité de régler, dans l’intérêt de la civilisation et du progrès des colonies portugaises, les conditions du travail des indigènes, de manière à assurer, par une protection efficace, leur développement moral et intellectuel, qui les transformera en coopérateurs utiles par une mise en valeur plus large et plus complète du territoire, décide que tous les natifs des colonies portugaises sont soumis à l’obligation morale et légale de se procurer, par le travail, les moyens de subsistance qui leur manquent et d’améliorer leur condition sociale. Complète liberté leur étant accordée de choisir la manière d’accomplir ce devoir, l’autorité publique peut les y contraindre s’ils ne se décident pas à le faire spontanément.

Ce décret ne suffisant pas à assurer le recrutement d’une main-d’œuvre suffisante, un autre décret, du 9 novembre 1899, décida que les indigènes en état de vagabondage, ou n’ayant pas de moyens d’existence comme ouvriers, porteurs ou artisans, pourraient être condamnés au travail correctionnel (trabalho correccional) et employés par le gouvernement au portage, à la construction des routes, ou être mis à la disposition des planteurs ou des marchands, pour des périodes ne pouvant être inférieures à trois mois.

Postérieurement, trois autres décrets, spécialement applicables à l’Angola, et datés du 6 juillet 1902, du 22 décem-