Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/226

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rer au travailleur plus d’avantages que ceux qu’il peut obtenir en travaillant pour son compte.

Dès l’instant, en effet, où les employeurs n’ont pas des moyens de contrainte à leur disposition, ils se trouvent, vis-à-vis de ceux qu’ils veulent engager comme ouvriers, dans une position beaucoup moins forte qu’en Europe, où toutes les terres et autres moyens de production sont objets de propriété : chez nous, les prolétaires sont obligés, à tout prix, de vendre leur force de travail, sous peine de mourir de faim ; en Afrique, les indigènes ont le choix entre travailler pour le blanc et vivre dans leur village, entretenus et nourris par leur travail ou par le travail de leurs femmes.

C’est ce qui fait, d’une part, qu’ils peuvent se montrer relativement plus exigeants, et, d’autre part, que la main-d’œuvre, dans les pays neufs, est loin d’avoir la stabilité et la régularité qu’elle présente dans les vieux pays.

Aussi faut-il y avoir recours seulement pour les travaux qui ne sont possibles que sous une direction européenne. Quant aux autres, et, par exemple, à la récolte des produits naturels ou à la culture du cacao, du coton, des arachides, etc., on doit se préoccuper de réduire le salariat au minimum et d’amener les indigènes à travailler pour leur compte, et à vendre, à leur profit, les produits de leur travail.