Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/231

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Au surplus, qui peut croire sérieusement que jamais il se trouve des majorités parlementaires en Europe pour décréter, de concert, le retour à l’état sauvage des régions équatoriales ?

Ce qui est fait, est fait. What is ddone, cannot be undone. Tant que l’Afrique n’était pas colonisée ou pouvait, contre la politique coloniale et en faveur de la pénétration pacifique, invoquer de très fortes raisons sur lesquelles n’ont prévalu que l’esprit de conquête et la soif des profits immédiats, obtenus par tous les moyens.

Mais aujourd’hui que l’Afrique, aujourd’hui que les régions tropicales du monde entier sont colonisées, un anti-colonialisme négatif n’a pas plus de raisons d’être que de chances de succès.

Est-ce à dire que les socialistes, adversaires en principe de la colonisation en mode capitaliste, en soient réduits, soit à des protestations académiques et stériles, soit à l’acceptation résignée des faits accomplis ?

Tout ce que nous avons dit, jusqu’à présent, prouve que ce n’est pas notre pensée.

Anticolonialistes nous étions, anticolonialistes nous restons, en ce sens que nous voulons réduire la colonisation au minimum, transformer les « colonies » en « protectorats », aider, en un mot, les indigènes à évoluer, par le développement de leurs virtualités propres, favoriser leur émancipation graduelle par la reconnaissance toujours plus large de leur autonomie.

Même ainsi réduite à ce qui nous paraît actuellement possible et désirable, cette thèse que les gouvernements coloniaux doivent préparer leur destitution, dans un avenir plus ou moins prochain, ou lointain, va directement à l’encontre de la politique pratiquée dans la plupart des colonies, que M. Augagneur, ancien gouverneur de Madagascar, a justement appelée : politique de domination[1].

  1. La politique coloniale républicaine. Questions pratiques de législation ouvrière et d’économie sociale, 1908, p. 75.