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cratie paperassière, qui caractérisaient l’administration de l’État Indépendant.

Bien plus, dans le remarquable discours qu’il prononça à la Chambre belge, le 4 février 1910, M. Louis Frank, député d’Anvers, a pu dire que, sous le nouveau régime, la situation tend à s’aggraver plutôt qu’à s’améliorer[1].

Alors que l’immense domaine colonial anglais, en dehors de l’empire des Indes, occupe, à Londres, 221 fonctionnaires et employés, il y avait à Bruxelles, au début de 1910, pour la seule colonie du Congo, 250 employés et fonctionnaires, et leur nombre a encore augmenté depuis lors, par la création de nouveaux services.

Faut-il en conclure que les fonctionnaires belges soient moins travailleurs et moins capables que les fonctionnaires anglais ?

Nous ne le pensons pas.

La raison d’être de la différence des deux administrations, au point de vue du nombre des agents, c’est, comme l’a dit M. Franck, le rôle tout à fait différent que l’une et l’autre remplissent. À Londres, en effet, le Colonial office exerce une mission de contrôle, de surveillance, de direction, très générale. À Bruxelles, au contraire, le département des colonies continue à s’occuper, comme au temps du roi Léopold, de tout ce qui se passe et doit se passer au Congo.

Dans ces conditions, il est inévitable que l’on ait besoin d’un nombre anormal de fonctionnaires. De plus, le régime centralisé d’administration centrale a pour corollaire une seconde administration centrale sur les lieux, d’autant plus formaliste et paperassière qu’elle doit rendre compte, à Bruxelles, de tous les actes de sa gestion.

Aussi faut-il craindre que la généralisation du système monétaire, qui supprimera certainement beaucoup d’écritures, ne soit qu’un remède insuffisant à l’état de choses

  1. Annales parlementaires. Chambre des Représentants, 1909-1910, pp. 459 et suiv.