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qu’un fonctionnaire congolais décrivait en ces termes, dans une lettre adressée à M. Franck :

Le formalisme et la paperasserie pèsent au Congo sur tous les fonctionnaires, d’un poids très lourd. L’activité d’un chef territorial, depuis le chef de poste jusqu’au chef de zone ou au commissaire de district, est absorbée pendant des semaines par des écritures qu’il faut souvent rédiger en deux ou trois exemplaires. Tous les fonctionnaires ont la préoccupation constante d’arriver à remettre en bon ordre à l’État les états mensuels, trimestriels et annuels, les rôles de recensement, les pièces comptables, les rapports de toute nature, etc.

Cela est si vrai, qu’on voit des chefs territoriaux excellents, interrompre un travail essentiel comme une tournée d’inspection ou une campagne de délimitation de territoire, pour mettre leurs paperasses en règle afin de ne pas être mal notés.

Pour réduire à de justes proportions cette corvée du porte-plume, aussi fastidieuse pour les agents qu’onéreuse pour la colonie, il n’est qu’un remède efficace : c’est la décentralisation, le déplacement du centre de gravité de l’administration coloniale, transporté de Bruxelles à Boma, l’envoi au Congo, comme Gouverneur général, d’un homme de premier ordre, disposant de pouvoirs suffisants pour ne pas devoir constamment en référer au ministre, tout en restant soumis — cela va sans dire au contrôle et à la surveillance du gouvernement métropolitain.

De plus, au Congo même, il importe de décentraliser, de donner une autorité réelle aux chefs des grandes divisions territoriales.

Mais faut-il, pour cela, diviser la colonie en un certain nombre de gouvernements ou de vice-gouvernements ?

Des hommes de grande expérience sont d’un autre avis.

Certes, on sera généralement d’accord pour admettre que le Katanga, industriel, minier et, dans une certaine mesure, susceptible de peuplement par des Européens, forme un gouvernement distinct de celui du Congo proprement dit.

Mais, pour le surplus, il est possible — nous ne prétendons pas trancher la question — que mieux vaudrait, au lieu de