Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général, assez favorables pour que leur vigueur physique ne laisse rien à désirer.

Au Congo, par exemple, lorsqu’on quitte les rives du fleuve, où ne subsistent plus, de Léopoldville à Nouvelle-Anvers, que des stations de l’État ou des restes lamentables d’anciens villages, et que l’on pénètre dans la forêt, que l’on entre en contact avec des populations que les blancs ont laissées à peu près tranquilles, ou qui ont trouvé le moyen de se faire respecter, il est impossible de n’être pas frappé de la belle prestance, de la vigoureuse apparence de la plupart des indigènes.

Mais, presque toujours, les choses se présentent autrement, lorsqu’on a affaire à des populations qui ont subi l’influence d’une « civilisation supérieure », que ce soit celle des Arabes ou des Européens.

Depuis plusieurs siècles, déjà, l’alcool de traite a fait d’affreux ravages sur toute la côte d’Afrique.

Lorsque Stanley et Livingstone pénétrèrent dans le bassin supérieur du Congo, de terribles épidémies de variole, importées par les Arabes, décimaient les indigènes plus encore que la traite elle-même.

Ailleurs, c’est la syphilis, d’origine arabe ou européenne, qui infecte des populations entières et fait d’autant plus de mal qu’elle est peu ressentie dans la période primaire et que l’insouciance, l’ignorance, et aussi la promiscuité et la lascivité propagent l’infection.

Enfin, dans ces dernières années, la maladie du sommeil, localisée jadis dans quelques parties du Bas Congo, s’est répandue d’autant plus rapidement que les caravanes de transport, nécessitées par l’occupation blanche, en ont été le véhicule[1].

Bref, à la lèpre, à la tuberculose, au paludisme, qui n’atteint

  1. Les indigènes se rendent parfaitement compte de ce que le fléau a été importé par les blancs. En 1902, lorsque le commandant Lemaire remontait le fleuve, on lui disait déjà, à Bolobo et à Lou-Longa : « C’est le blanc qui a mené chez nous la djigue (pulex penetrans) et la maladie du sommeil. Contre celle-ci on ne peut rien. Quand elle touche quelqu’un, il doit mourir. Avant le blanc, nous n’avions rien vu de pareil. »