Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas seulement les Européens, aux autres maladies que connaissaient déjà les indigènes, sont venues s’ajouter des causes de morbidité et de mortalité bien autrement graves, puisque, dans certains endroits, la maladie du sommeil, par exemple, menace les habitants de destruction pure et simple.

Aussi faut-il considérer que l’élémentaire devoir des gouvernements coloniaux, en même temps que leur intérêt — sans population, pas de main-d’œuvre — est de prendre d’énergiques mesures prophylactiques et thérapeutiques, pour réparer, au moins en partie, les maux qui procèdent, directement, du contact des noirs avec les « civilisés ».

Il serait injuste de méconnaître, au surplus, que l’État Indépendant ait fait quelques efforts pour améliorer l’état sanitaire des populations congolaises, soit par des mesures médicales, soit par des mesures préventives.

En ce qui concerne l’alcoolisme, tout d’abord, on sait que des droits élevés sur l’alcool existent dans le Bas Congo, où l’eau de feu sert moins que jadis comme article de traite, et que l’introduction de l’alcool, qui était interdite naguère au delà de l’Inkissi, à quatre jours de Léopoldville, est prohibée, maintenant, à partir de la rivière M’Pozo.

Malheureusement, il y a la contrebande et beaucoup d’agents s’empoisonnent avec de l’absinthe venant du Congo français.

Pour ce qui regarde les indigènes, la prohibition est plus sérieusement observée, sauf peut-être aux abords de la frontière portugaise. Mais le Bulletin de la Société belge d’études coloniales d’avril 1910 signale un fait qui, s’il venait à se généraliser, rendrait cette prohibition inopérante :

Nous voulons parler de l’existence de distilleries clandestines. Des agents blancs, pour tromper les ennuis de la solitude, et, surtout, pour augmenter les apports de caoutchouc des indigènes, se sont trop ingénieusement appliqués à construire des appareils pour la distillation du malafu, des bananes, du sorgho, etc. On fabrique un alambic passable avec un vase de terre cuite, et un canon de fusil fait l’office de serpentin. Les nègres, imitateurs de leur nature, et appréciateurs plus zélés que délicats des produits de la distillation, se sont fabriqué à leur tour des appareils sem-