Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/253

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Par contre, depuis l’achèvement du chemin de fer, la population commence à revenir et à s’accroître ; de nouveaux villages s’installent constamment le long de la voie ferrée, et, bien que les ravages de la maladie du sommeil persistent, bien que les impôts de l’État continuent à peser lourdement sur les populations, il ne parait pas douteux que beaucoup d’indigènes se prennent à admettre que la civilisation peut avoir, pour eux, de réels avantages.

Mais il ne suffit pas de créer des moyens de transport perfectionnés. Il faut aussi que les indigènes aient des produits, des valeurs d’échange à transporter, et, ici encore, force nous est de constater que l’État Indépendant n’a pour ainsi dire rien fait pour encourager les indigènes à améliorer leurs procédés de culture et à entreprendre, pour leur compte, des plantations de rapport.

Ce sera une des multiples tâches du régime nouveau, d’instituer un enseignement agricole pratique, de mettre à la disposition des noirs des semences et des instruments aratoires, de leur faire comprendre, peu à peu, tous les avantages qu’ils peuvent retirer de la culture méthodique de leur sol.

Notons, au surplus, afin d’éviter des désillusions, que ce passage nécessaire de la simple cueillette des produits végétaux, tels que le caoutchouc et le copal, à la culture des produits tels que le cacao, le coton, les arachides, rencontrera presque autant d’obstacles sous le régime de la liberté commerciale que sous le régime du travail forcé.

On a dit souvent, et avec raison, que, contraints à faire du caoutchouc vingt ou vingt-cinq jours par mois, les malheureux Congolais devaient laisser leurs champs en friche et leurs villages à l’abandon.

Mais ce serait une erreur de croire que dans les colonies où, sous le régime de la liberté commerciale, les indigènes tirent de gros profils du caoutchouc qu’ils récoltent, on ne constate pas des phénomènes analogues.

Dans son livre sur l’Afrique occidentale française, M. Deherme