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soit, mais où ira-t-on chercher la main-d’œuvre nécessaire pour effectuer ces plantations ?

Le ministre des Colonies a formellement déclaré, à la Chambre belge, qu’il ne les décréterait pas d’utilité publique afin d’y pouvoir employer des réquisitionnaires. Mais le gouvernement colonial ne se procurera-t-il pas, en recourant à l’intermédiaire des chefs, une main-d’œuvre volontaire en apparence, servile en réalité ? Et, à supposer qu’il ne le fasse pas, qu’il n’emploie vraiment que des ouvriers libres, qui ne voit que les difficultés, déjà si considérables, que l’on rencontre pour le recrutement du personnel de la marine, de l’agriculture, des postes de bois, du chemin de fer des Grands Lacs, des mines de Kilo et du Katanga, seront considérablement augmentées le jour où l’on aura besoin, en outre, de quelques milliers de travailleurs pour les plantations gouvernementales ?

Aussi croyons-nous que mieux vaudrait renoncer à ces projets d’agriculture fiscale, ne créer des plantations d’État que comme modèles, et s’engager dans la voie, bien autrement féconde, des encouragements donnés aux plantations indigènes, en s’inspirant de ce qui a été fait, entre autres, au Sénégal pour les arachides, à la Côte de l’Or pour le cacao, dans le Togo, l’Afrique orientale allemande, le Soudan et le Dahomey pour le coton.

Les arachides. — Au Sénégal, la culture des arachides — surtout depuis la mise en exploitation du chemin de fer de Dakar-Saint-Louis — constitue le principal produit commercial de la colonie : les exportations d’arachides, dont l’huile est employée surtout dans la savonnerie, se sont progressivement élevées de 25.000 tonnes en 1886, à 50.000 en 1891, 96.000 en 1898, 141.000 en 1900, 149.000 en 1903, 91.500 en 1905, 100.000 en 1906, pour atteindre, en 1908, 120.000 tonnes, représentant une valeur à l’exportation de 32.889.312 francs[1].

  1. Deherme. L’Afrique occidentale française, p. 236. et Messimy. Rapport sur le Budget de 1910 (Ministère des Colonies), p. 205.