Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/255

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listes, ou par des producteurs indigènes, travaillant pour leur propre compte ?

Certes, ces deux modes de mise en valeur du sol ne sont pas incompatibles. Ils peuvent coexister, et, en fait, ils coexistent dans toutes les colonies. Mais on doit se demander lequel des deux présente le plus d’avantages pour les indigènes et mérite, par conséquent, d’avoir les préférences de ceux qui s’intéressent à leur relèvement ?

Or, à ce point de vue, la question n’est pas douteuse.

Les plantations capitalistes peuvent avoir sur les plantations indigènes l’avantage d’une technique plus parfaite, mais elles n’ont évidemment pas la même valeur éducative, la même importance sociale. D’autre part, les difficultés qu’elles rencontrent, pour le recrutement de la main-d’œuvre, la faible productivité des travailleurs qu’elles emploient, les aléas de ces entreprises lointaines, dirigées trop souvent par des hommes inexpérimentés et ne sachant rien du pays, ont été jusqu’ici la cause de multiples déboires, de nombreux échecs.

Quant aux plantations d’État, on pourrait croire, peut-être, que notre collectivisme doit approuver le ministre belge des Colonies, lorsqu’il annonce l’intention de créer, au Congo, de vastes plantations caoutchoutières pour le compte du gouvernement.

En principe, certes, nous admettons parfaitement que la colonie, pour se procurer des ressources, fasse du caoutchouc, comme l’État suisse fait de l’alcool, ou l’État français du tabac.

Mais ce collectivisme fiscal ne ressemble pas plus au collectivisme véritable que le gouvernement du Congo ne ressemble à un gouvernement socialiste, et, d’autre part, en fait, le projet de M. Renkin ne nous dit rien qui vaille.

On veut planter des arbres à caoutchouc sur plusieurs milliers d’hectares — 2.000, pour commencer, paraît-il — dans les réserves forestières créées par le décret du 22 mars 1910 ;