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compléter l’organisation du service sanitaire, en adjoignant aux médecins des infirmiers indigènes possédant quelque instruction, et, dans nombre de cas, aussi, le recours au médecin contribuera, indirectement, à augmenter la fréquentation des écoles.

C’est ce qu’expliquait fort bien, en parlant du Sénégal, M. Guy, lieutenant gouverneur de cette colonie :

Du médecin — déclare-t-il — l’indigène ira au maître d’école, alors qu’on pourrait légitimement croire que c’est le maître d’école qui mènerait au médecin. L’indigène, en effet, veut bien apprendre le français si cela doit lui permettre de gagner sa vie : mais c’est là une éventualité lointaine, et il suffit que ses parents l’envoient cultiver les lougans (cultures vivrières), qu’il apprenne du maître d’école que le paradis de Mahomet reste fermé à ceux qui parlent la langue des infidèles, ou, tout simplement, que le maître ne lui plaise pas, pour qu’il aille parcourir la campagne et déserte l’école. Mais qu’il souffre, depuis des mois, d’une maladie rebelle à tous les gris-gris ou aux traitements traditionnels par la bouse de vache et la terre mouillée…, un beau jour, perdant patience, il va trouver en secret le médecin français, le toubib ; celui-ci le guérit ; le bruit s’en répand ; bien entendu, ce n’est pas une guérison, c’est un miracle, et voilà un village conquis à la quinine, au bistouri et au vaccin… Puisque les Français savent si bien guérir, ils doivent enseigner dans leurs écoles de bien belles choses. Et quand le père fréquente le médecin, le fils va trouver l’instituteur[1].

Quant au développement économique, au perfectionnement de l’agriculture et des métiers indigènes par l’introduction de nouvelles méthodes et l’emploi dé nouveaux outils, il faut, certes, attendre beaucoup de l’imitation spontanée et de l’influence directe exercée par les blancs sur les travailleurs, les manœuvres, placés sous leurs ordres. Ainsi que le disait Mgr Alexandre Leroy, à la session de l’Institut colonial qui eut lieu à Paris en 1900, dans un pays nouveau, tout contact entre l’Européen et l’indigène amène presque nécessairement chez ce dernier une sorte d’éducation professionnelle ; et,

  1. Bibliothèque coloniale internationale, 4e série. L’enseignement aux indigènes. Documents officiels précédés de notices historiques, t. I. p. 496. Paris, 1909.