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« — Les catholiques prétendent cela, mais qu’ils le prouvent.

« — Mais c’est bien facile, Luther, le père des protestants, fut d’abord un prêtre catholique. Mais il devint orgueilleux. Pour se venger du Pape, il changea la doctrine de Jésus-Christ.

« — Mais Luther est un saint !

« — Bah ! Un drôle de saint, un orgueilleux, un ivrogne, qui, après avoir bu et mangé à l’excès, est mort misérablement[1]. »

Et ainsi de suite.

Pour être juste, d’ailleurs, il faut dire que si les jésuites n’aiment pas les protestants. Ces derniers ne se montrent pas moins durs pour les jésuites, et c’est chose triste, en somme, que de voir les diverses confessions se disputer les indigènes par de tels moyens et leur remplir la cervelle de notions dont ils n’ont que faire.

Aussi est-il désirable qu’à côté des écoles librement créées par les missions, il y ait au Congo, comme en Europe, des écoles publiques, accessibles à tous les enfants, et où l’enseignement soit donné en dehors de toutes préoccupations confessionnelles.

Les questions qui ont été traitées dans ce chapitre — participation des indigènes à l’administration, assistance médicale, développement économique, enseignement — sont intimement liées entre elles.

Il va de soi, tout d’abord, que des écoles sont indispensables pour fournir au gouvernement colonial des clerks, des agents subalternes, — en attendant que des fonctions plus hautes puissent être exercées par des noirs, — et, aussi, des chefs capables de lire une circulaire, de comprendre la portée d’une intervention gouvernementale.

D’autre part, les progrès de l’enseignement permettront de

  1. Les derniers jours de l’État du Congo, p. 178.