Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/270

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doit pas faire de grands efforts pour « se mettre dans la peau de ses élèves ».

Mais en Afrique !

Il faut connaître à fond la langue, ou les langues indigènes ; pénétrer les différences du mécanisme cérébral des noirs et des blancs ; chercher les méthodes qui s’adaptent à d’autres besoins, à d’autres cerveaux ; trouver le moyen de fournir aux populations des chefs de file, qui les aident à évoluer, au lieu de les déclasser, de les désorienter, de produire ces caricatures d’Européens, ces spécimens d’humanité lamentables, qui semblent n’avoir appris à lire et à écrire qu’en désapprenant de penser.

Une œuvre de ce genre réclame un nouveau Frebel, un nouveau Pestalozzi.

Puisse-t-il se trouver, chez nous, ou ailleurs.

Nulle tâche ne présente un plus haut intérêt, au point de vue scientifique et au point de vue pratique ; mais nulle tâche aussi n’est plus difficile. C’est pour ce motif, sans doute, que la plupart des gouvernements coloniaux n’ont même pas essayé de l’entreprendre. Au Congo, comme ailleurs, ils s’en sont remis, pour la formation morale et pour la formation intellectuelle des indigènes, aux seuls missionnaires, protestants ou catholiques. Cette abdication de la société laïque ne peut être que temporaire. L’organisation de l’enseignement en service public s’imposera en Afrique, comme elle s’est imposée en Europe.