Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/275

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astreint au travail forcé, une communauté de village frustrée de ses droits sur la terre, je n’hésite pas à dire que c’est le devoir de tout homme de cœur qui s’intéresse au sort des populations congolaises, quelle que soit sa nationalité, de rester l’arme au bras, d’être prêt à lutter contre tout retour offensif de l’ancien régime et de poursuivre résolument, au Congo belge et dans tout le bassin conventionnel du Congo, — car on oublie un peu trop qu’il y a des abus ailleurs que chez nous, — l’application loyale des principes qui ont été proclamés dans les Actes internationaux de Bruxelles et de Berlin.

Quant à la Belgique, elle a un moyen très simple d’échapper à des suspicions que légitiment un passé déplorable et de couper court à des interventions étrangères qui ne laissent pas d’être humiliantes, mais qui s’autorisent, en somme, même au point de vue bourgeois, de l’existence d’une charte internationale pour tout le bassin du Congo : c’est de faire, énergiquement, œuvre de justice réparatrice, et de ne point reculer devant les sacrifices nécessaires pour rendre aux indigènes leurs terres et leur liberté.

Et ceci nous amène à traiter une dernière question, qui préoccupe légitimement les travailleurs belges et ceux qui défendent leurs intérêts.

Aussi longtemps que le Congo a été exploité comme une colonie d’ancien régime, il n’a pas coûté grand’chose à la Belgique, et il ne lui eût rien coûté, bien au contraire, si une notable partie des recettes de l’État Indépendant n’avait été consacrée à d’autres fins que le développement de la colonie. Mais en sera-t-il de même lorsque les réformes seront faites, ou, du moins, les sacrifices que tout le monde prévoit au début, finiront-ils par trouver leur compensation dans de réels avantages ?

Répondre à pareille question autrement que par des conjectures, est évidemment impossible, puisque nous nous trouvons en présence de deux inconnues : le coût des réformes, qui dépendra, à la fois, de leur radicalisme et de l’adaptation