Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gide évalue de 120 à 150 millions, sans compter les milliards dépensés pour frais de premier établissement[1]

Quant à l’Angleterre, dont le commerce spécial dépassait, en 1908, un milliard de livres, elle faisait la même année, avec ses colonies et protectorats, pour 265 millions de livres d’affaires, soit plus du quart de l’ensemble[2], et les frais d’entretien de son immense empire colonial ne dépassaient guère un million de livres, soit vingt-cinq millions de francs[3].

Mais, à ce dernier chiffre si minime, il faut ajouter les frais de premier établissement qui ont été formidables, ainsi qu’une grande partie des dépenses militaires et navales pour la défense de l’Empire, qui se sont élevées, en 1907-1908, au chiffre colossal de treize cents millions de francs[4] ! Si bien qu’en définitive, et à se placer au point de vue purement économique, il semble qu’Émile de Lavelaye avait raison de dire : « Les États qui ont des colonies doivent s’apprêter à les perdre, et cette perte sera encore un gain ».

Je vois bien, au surplus, ce que l’on peut répondre.

Le commerce que les métropoles font avec leurs colonies ne sont pas la seule source de profits que ces dernières puissent rapporter. Il faut tenir compte, en outre, des traitements que certaines colonies telles que l’Inde paient, avec leurs ressources propres, aux officiers et aux fonctionnaires que l’on y envoie, ou bien des fortunes que les planteurs, les industriels, les négociants peuvent amasser dans les possessions coloniales, en faisant des affaires avec d’autres pays ou avec les habitants de la colonie même ; si bien qu’en définitive, c’est une question très complexe, très embrouillée, et peut-être insoluble, que de savoir si les colonies, qui coûtent certes fort cher

  1. Charles Gide. Conférence à la 8e assemblée générale de l’Association protestante pour l’étude pratique des questions sociales, p. 206. Paris, Fischbacher, 1897.
  2. Statistical Abstract for the several British Colonies, Possessions and Protectorats (1894-1908), no 20. pp. 47 et suiv. Londres, 1909.
  3. Estimates, Civil Services, for the year ending 31 march 1909. Class V. Foreign and colonial services, p. 462. London, 1908.
  4. The Stalesman’s Year-Book, 1909, p. 42.