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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/281

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opposer, non pas des négations stériles, mais une politique indigène socialiste, une politique d’émancipation et de défense des opprimés.

Ce sont les grandes lignes de cette politique que, pour une colonie déterminée, j’ai tenté de tracer dans mon livre.

Elle est, en quelque sorte, le contrepoids de la politique coloniale capitaliste.

L’une voit dans l’homme un moyen. Elle tend à développer en lui les seules qualités qui rendent son exploitation, son utilisation plus faciles, comme on développe le foie chez les volailles, la graisse chez les porcs, le lait chez les vaches, la vitesse chez les chevaux de course.

L’autre, au contraire, voit dans l’homme une fin. Elle le défend contre ceux qui s’efforcent de l’asservir. Elle travaille à en faire un homme libre. Elle fait, suivant la formule du congrès socialiste de Stuttgart, son « éducation pour l’indépendance ». Elle tend à substituer aux rapports de subordination entre colonisateurs et colonisés, de simples rapports d’échange entre peuples égaux en droit.

Pareille œuvre, nous l’avons montré, ne sera pas l’œuvre d’un jour.

Avant que les indigènes de l’Afrique centrale puissent être délivrés de la domination européenne, sans que cette délivrance soit un simple retour à l’état sauvage, il faudra de longs, de persévérants efforts.

Mais, si l’idéal est lointain, chaque pas en avant nous en rapproche ; chaque progrès réalisé en appelle d’autres, et, malgré toutes les hontes, les misères, les crimes de la colonisation actuelle, nous avons l’indéfectible espoir qu’en Afrique, comme ailleurs, le dernier mot restera à l’humanité !