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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/280

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J’ai déjà dit, à plusieurs reprises, pour quels motifs il me fut toujours impossible de partager cette opinion.

Il y avait, certes, de très bonnes raisons pour que les Belges n’aillent pas au Congo. Tout le monde ne doit pas faire l’élevage des éléphants. On peut se contenter de paître des moutons et des chèvres dans la mère-patrie. Je ne doute pas que si la Belgique avait consacré l’effort qu’elle a fait en Afrique, à développer ses relations commerciales avec des pays libres, elle eût obtenu de plus sérieux avantages matériels, avec moins de risques, moins de frais, moins de responsabilités.

Mais, en dépit de toutes les résistances, la Belgique, ou si l’on aime mieux, la bourgeoisie belge est allée au Congo ; elle y a pris des intérêts ; elle y a incorporé des capitaux ; elle y a créé des entreprises dont le nombre ne cesse d’augmenter, et personne ne peut sérieusement croire que, faisant, après vingt-cinq ans, machine en arrière, elle passe la main à d’autres, en s’infligeant, à tout point de vue, la plus humiliante des diminutions morales.

Dès lors, ceux mèmes parmi nos amis qui considèrent le colonialisme, purement et simplement, comme un mal sans compensations, devront, pour le moins, attendre le triomphe de leurs doctrines, pour que l’abandon éventuel du Congo cesse d’être une utopie.

Et d’ici là, que de choses à faire, et de choses que nous devons faire, car nous n’avons pas au Congo que des intérêts ; nous y avons des devoirs ; et, j’ose le dire, si le prolétariat belge, après avoir été trop longtemps — sachons le reconnaître — assez insoucieux de sort de ses « frères noirs », avait reculé devant l’œuvre des réformes, afin d’économiser quelques millions, il eut été infidèle à la grande tradition humanitaire du socialisme.

Dès que la question (ut posée en ces termes d’ailleurs, une fois l’annexion votée, les socialistes furent unanimes.

Ils comprirent qu’à la politique coloniale capitaliste, politique de domination et d’exploitation, les travailleurs devaient