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venir s’y reposer. Ses compliments me rendent heureux. Si tu es sincère, faisons l’échange du sang, qui nous créera frères pour toujours.

— La proposition me réjouit, et je l’accepte. Cependant, avant de procéder à cette agréable cérémonie, je veux t’ouvrir mon esprit. Boula Matadi et moi nous sommes les envoyés d’un grand roi de M Poutou, qui veut amener les blancs, ses sujets, à installer des maisons de commerce dans tous vos pays, pour y introduire des marchandises de sa contrée et pour y acheter votre ivoire. Mais les blancs ne viendront que s’ils sont certains de l’amitié des noirs et de la paix. La guerre empêche le commerce. La jalousie des chefs et des tribus amène la guerre. Pour empêcher ces maux, notre grand chef ne veut conseiller aux marchands blancs leur établissement que dans les pays qui lui reconnaitraient le droit de leur faire juger leurs différends extérieurs par ses envoyés et qui n’admettent que des étrangers recommandés par lui.

— Votre grand roi est très prudent et très sage, et je comprends qu’il n’enverra chez nous que des marchands à lui pour recueillir lui-même le bénéfice du commerce[1].

— Tu te trompes. Notre roi est très riche, et il n’a besoin d’aucun bénéfice ; mais quand, grâce à lui, son peuple s’enrichit, il est plus aimé et son nom devient plus grand[2]. »

C’est à peu près dans les mèmes conditions que, de 1882 à 1884, Stanley, avec le concours de Hanssens, de Van Gèle, de Coquilhat, de Vankerkhoven, échelonne sur le Haut Congo, où existaient déjà les postes de Msouata et de Bolobo, les stations de l’Équateur, d’Ikoko (Nouvelle-Anvers), de Stanley Falls, etc.

Il faut lire le livre de Coquilhat pour se rendre compte des dangers et des difficultés de toutes sortes qui asssaillaient les fondateurs de ces premiers postes de l’Association internationale, dans les régions encore sauvages du Haut Congo.

Débarqué à Ikoko, par Hanssens, après un premier insuc-

  1. Ce chef ne croyait pas si bien dire !
  2. Coquilhat. Le Haut Congo, pp. 90 et 91. Bruxelles, 1888.