Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/41

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Au lieu d’accepter immédiatement cette offre, qui ne laissait pas d’être avantageuse, le roi fit la petite bouche. Il réserva tous ses droits, réclama le temps de la réflexion et, sous couleur de mission scientifique, chargea le commandant Lemaire de pousser une pointe rapide vers le nord, afin de reconnaître si le pays qu’on offrait en échange de l’enclave était suffisamment riche.

En même temps, l’État organisait une autre mission, commandée par le capitaine Royoux, qui devait, elle aussi, pénétrer dans le Bahr-el-Gazal, gaguer Hofra-en-Nahas et occuper militairement les mines, que le Souverain convoitait depuis longtemps. Mais les forces anglo-soudanaises arrêtèrent la marche de Royoux, dont la mission dut être dissoute.

L’expédition Lemaire réussit à pénétrer plus au nord, dans le territoire contesté, jusqu’au 6°, où elle prit contact avec les Anglais. Sept mois de dangereuses palabres s’ensuivirent, qui auraient pu tourner fort mal et engager la Belgique même dans un redoutable conflit.

Finalement, la mission Lemaire reçut l’ordre de rétrograder jusqu’au delà du 5°. Son chef, après avoir conclu avec les Anglais un arrangement provisoire, quitta le Nil (1905), laissant les postes occupés à son successeur, le lieutenant Paulis.

Mais quelque temps après, l’Angleterre, retirant ses offres antérieures, exigea l’évacuation complète, et les officiers belges reçurent l’ordre de battre en retraite, abandonnant tous les postes qu’ils avaient créés.

Ainsi finit, lamentablement, le rêve pharaonique de Léopold II. Il avait coûté des sommes folles, sacrifié des milliers de vies humaines, contraint l’État du Congo à trouver de l’argent par n’importe quels moyens, et tout cela pour aboutir à la possession viagère et dérisoire de l’enclave de Lado qui, cette année même, retournera à l’Angleterre.

Parturiunt montes, nascitur ridiculus mus.

C’est incontestablement de la guerre arabe, suivie des expé-