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Dhanis essaya de disputer aux rebelles le passage de l’Aruwimi. Il fut battu ; ses troupes fidèles furent dispersées ; lui-même dut rétrograder jusqu’aux Falls. En dépit des expéditions militaires envoyées pour les réduire, les soldats révoltés achevèrent, pendant près de dix ans, de ruiner la Province Orientale, si éprouvée déjà par la campagne arabe.

Après un tel désastre, on pouvait croire que le Souverain du Congo ne songeait plus à de nouvelles expansions territoriales vers le Haut Nil. L’événement prouva le contraire. Avec la même obstination que dans ses autres entreprises, il continua, pendant dix ans, à enterrer des millions dans les sables soudanais. L’incident de Fashoda n’était pas encore terminé (juillet 1898), que des officiers congolais réapparaissaient dans le Bar el Gazal. Un décret avait, en décembre 1897, constitué à Bruxelles la Société générale africaine, compagnie congolaise à responsabilité limitée, « autorisée à acquérir toute concession et à exercer tous droits d’administration politique en dérivant ». Son but, non spécifié, mais connu, était relatif à l’exploitation des territoires du Nil pris à bail. Deux autres sociétés, qui avaient déjà reçu des concessions de l’État dans ces territoires : l’Anglo-Belgian Africa Cie et la British Africa Cie, avaient été fondées à Londres, par des capitaux anglais et congolais. Elles sollicitèrent, en 1899, du gouvernement anglais, un sauf-conduit pour pénétrer, par le nord, dans le Bahr-el Gazal. Il leur fut refusé. Des officiers de l’État se présentèrent par le sud. La route leur fut barrée[1] et les Anglo-Égyptiens réintégrèrent les anciens postes d’Émin Pacha et de Lupton Bey.

En 1902, cependant, Léopold II crut trouver une occasion nouvelle de reprendre la question.

L’Angleterre lui proposa, en effet, d’échanger, tout de suite, la possession précaire de l’enclave de Lado, contre un territoire s’étendant jusqu’au 5e parallèle nord, qu’il recevrait à titre de possession souveraine définitive.

  1. Wauters, Le Mouvement géographique, 9 janvier 1910. p. 20.