Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/43

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la côte occidentale ou orientale — Zanzibarites, Haoussas, Sierra-Leonais —, mais ces recrutements coûtaient excessivement cher, et bientôt on trouva plus avantageux d’enrôler sur place des indigènes, anciens esclaves pour la plupart, dont un drill énergique parvenait à faire, assez rapidement, de forts présentables soldats, au moins en apparence. C’est ainsi que se constitua, peu à peu, la célèbre Force publique, dont l’effectif finit par s’élever à des milliers d’hommes, pour atteindre, à l’époque de la reprise par la Belgique, le chiffre énorme de 17.000.

Quant à l’argent, plusieurs moyens furent mis en œuvre pour remplir les caisses de l’État Indépendant.

D’abord, les Signataires de l’Acte de Berlin se trouvant réunis à Bruxelles, en une Conférence nouvelle, ayant pour objet la répression de la traite, le Souverain du Congo obtint, en juillet 1890, l’autorisation pour un délai de quinze années de percevoir des droits d’entrée, dont le taux ne pouvait dépasser 10 p. 100 de la valeur au port d’importation, sauf pour les spiritueux, qui acquitteraient un droit plus élevé.

En second lieu, un emprunt de 150 millions fut décrété, le 7 février 1888, mais sur 1.500.000 obligations de cent francs au porteur, 700.000 seulement furent lancées sur le marché.

En troisième lieu, l’État du Congo conclut avec la Belgique la convention du 3 juillet 1890, par laquelle la Belgique s’engageait à avancer au Congo, à titre de prêt, une somme de 25.000.000 de francs. Mais, en échange, le Roi Souverain léguait le Congo à la Belgique et lui reconnaissait même le droit de l’annexer de son vivant, si elle le jugeait bon, à l’expiration d’un terme de dix années.

À partir de ce moment, donc, ce n’est plus pour l’Europe, c’est pour la Belgique que Léopold II travaille ; c’est un intérêt national qu’il déclare avoir eu en vue, depuis le début de ses entreprises, et, c’est en invoquant cet intérêt national, en ne cessant d’affirmer qu’il agit dans un but hautement patriotique et désintéressé, que, rompant avec le système de la