CHAPITRE III
LE TRAVAIL FORCÉ
Les décrets de 1891-1892, qui faisaient de Léopold II le maître absolu, le propriétaire de tout le Congo, eussent été inefficaces, si le Souverain n’était pas parvenu à se procurer les forces de travail nécessaires pour mettre en valeur cet immense territoire.
Or, étant donné le climat, la seule main-d’œuvre d’exécution sur laquelle il fut possible de compter, d’une manière permanente et durable, était la main-d’œuvre indigène recrutée sur place.
Certes, dans les débuts, et notamment pour la construction du chemin de fer de Matadi au Stanley Pool, on eut recours à des gens de la côte, ou bien à des Chinois et des Barbades — dont les neuf dixièmes succombèrent — ; mais par sa nature même, cette importation de travailleurs ne pouvait fournir qu’un nombre restreint d’ouvriers spéciaux, pendant une période de transition plus ou moins longue. Aussi, pour la recolle des produits forestiers, le portage ou le pagayage,