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décamper vers les régions où les fruits du palmier appartiennent au premier qui grimpe sur l’arbre pour y travailler. »

C’est donc le caractère accessoire, au point de vue commercial, de l’exploitation des palmiers qui a contribué le plus largement à en laisser la libre disposition aux indigènes.

Mais il en allait autrement pour des produits de grande valeur comme le caoutchouc, et c’est ce qui explique que, même dans les régions ouvertes « officiellement » au commerce libre, les particuliers aient fait tout ce qu’ils aient pu pour établir un régime de monopole et de contrainte, plus ou moins analogue à celui qui avait été établi

À cet égard, rien n’est plus caractéristique que l’histoire de la célèbre Compagnie du Kasaï (C. K.).

On se souvient que le décret du 30 octobre 1892 divisait les terres dites vacantes en trois zones, dont l’une devait être abandonnée à l’exploitation par des particuliers. Cette zone comprenait, notamment, le bassin du Kasaï, très riche en caoutchouc. Mais, en réalité, le bassin du Kasaï ne fut pas ouvert au commerce libre. Une quinzaine de sociétés, seulement, furent autorisées à y acquérir de petits espaces de terrain : elles créèrent des factoreries et commencèrent à acheter du caoutchouc aux indigènes.

Sous ce régime, et malgré la limitation de la concurrence, les prix ne tardèrent pas à s’élever à un taux fort avantageux pour les récolteurs, mais qui réduisait à peu de chose le bénéfice des sociétés commerciales. Aussi, lorsqu’en 1901, le décret du 30 octobre 1892 devint caduc, l’État et les sociétés commerciales se mirent d’accord pour soumettre la région du Kasaï à un régime nouveau : la C. K. fut constituée ; les sociétés établies dans la région renoncèrent, à son profit, à tout commerce d’importation ou d’exportation, notamment celui de l’ivoire et du caoutchouc, pendant une durée de trente ans. De son côté, l’État, qui prenait la moitié des actions et se réservait la nomination d’une partie des administrateurs, concédait à la C. K. le droit de récolter le caoutchouc et autres