Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/41

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Je suis d’autant plus fondé à croire qu’il en est ainsi, que même les commissaires de la commission d’enquête, à l’impartialité et à la conscience desquels je rendais tout à l’heure hommage, ne proposent que des mesures insignifiantes, de simples palliatifs. Ils maintiennent le travail forcé et ils adoptent cette thèse, défendue il y a quelques jours encore par M. Rolin dans la Revue de l’Université libre de Bruxelles, que la contrainte est indispensable dans les régions tropicales, que la corvée est nécessaire que le servage est légitime.

À cette opinion, on peut en opposer une autre qui est plus autorisée que celle des commissaires, que celle de M. Rolin, c’est l’opinion du congrès colonial qui a tenu ses assises à Paris, en 1900, et qui a voté la résolution que voici :

« Considérant que l’emploi de la corvée ne présente que des inconvénients ; qu’elle est une cause de diminution de la population indigène, en même temps qu’un danger pour la tranquillité publique par des mécontentements qu’elle provoque ;

« Considérant, d’autre part, qu’il est démontré par l’expérience que les mesures prises pour prévenir les abus que l’emploi de la corvée fait naître sont inefficaces et illusoires ;

« Considérant, enfin, qu’il n’y a que le travail libre et rémunéré qui donne des résultats sérieux, et qu’il n’est pas de colonie où l’on ne puisse arriver à se procurer, dans des conditions suffisantes de rémunération, la main d’œuvre nécessaire,

« Émet le vœu :

« Que les puissances colonisatrices suppriment la corvée et qu’elles s’efforcent de la remplacer par le travail libre et rémunéré.

Ainsi donc, à M. Rolin, qui prétend que le travail forcé est nécessaire, le Congrès de Sociologie coloniale, auquel il assistait je pense, répond unanimement que l’on peut se passer du travail forcé.

Dans son article de la Revue de l’Université libre, l’honorable professeur m’a pris à partie, disant, parce