Page:Vandervelde - Les Crimes de la colonisation capitaliste.djvu/40

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En effet, messieurs les valeurs contenues dans ce portefeuille rapportent à peu près autant, à peine moins, que l’intérêt de la Dette publique.

Seulement la plupart de ces valeurs sont des actions de sociétés congolaises. Ce sont les parts de l’Abir, de la Société anversoise et d’autres sociétés similaires. Aussi longtemps que le régime actuel persiste tout va bien. Aussi longtemps que l’on exploite intensivement l’ivoire, le copal, le caoutchouc, tout va bien encore. Mais quand l’ivoire, le copal et le caoutchouc ne rendront plus, quand le système actuel d’oppression des indigènes aura disparu, les choses changeront de face, alors s’ouvrira l’ère des déficits, alors le portefeuille n’équivaudra plus à la Dette publique et nous aurons tous les désavantages d’une situation dont les autres auront eu tous les bénéfices.

Voilà, messieurs, la situation au point de vue financier et je pense qu’il n’est aucun d’entre vous qu’elle ne doive préoccuper. Cette situation est d’autant plus grave, je le répète, que la prospérité factice et temporaire de l’État indépendant au Congo dépend exclusivement du système d’oppression que subissent les indigènes.

Or, messieurs, ce système doit disparaître ; il est condamné à disparaître. Dès l’instant où son existence est connue, il est frappé de mort. La seule question qui se pose aujourd’hui est la question de savoir d’où viendra la réforme. Sera-t-elle faite par l’État Indépendant du Congo lui-même ou par l’intervention des puissances ou enfin par l’initiative de la Belgique ?


L’État indépendant et les reformes.


Par l’État Indépendant lui-même ? À cet égard, j’ai la conviction profonde que l’État Indépendant du Congo est impuissant à se reformer. L’exemple de la Russie, comme l’exemple de l’État Indépendant du Congo, prouve que l’absolutisme ne se réforme pas lui-même ; on le reforme ou bien on le met à la réforme.