Page:Vandervelde - Vive la Commune.djvu/13

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mune, il faisait partie des bataillons qui devaient, sous les ordres de Duval, occuper le plateau de Châtillon. Sur la place de l’Hôtel-de-Ville, les fédérés, transis de froid, stationnaient sous une pluie battante et, par les fenêtres, on entendait les gens de l’état-major chanter à tue-tête :

Buvons, buvons, buvons, à l’indépendance du Monde !

Le général Duval fut un de ceux qui moururent en braves. Il fut fait prisonnier dès la première rencontre et, quand le général Vinoy lui demanda : « Quel sort me réserveriez-vous si j’étais à votre place ? » Il répondit : « Je vous ferais fusiller ». — « Vous venez de prononcer votre propre sentence », répliqua Vinoy et le général Duval fut fusillé. Reclus me racontait encore que les prisonniers, conduits à Versailles comme forçats, devaient subir la honte de défiler devant les officiers et de belles dames qui les insultaient et du bout de leur ombrelle piquaient les prisonniers, garrottés les mains derrière le dos.


L’AGONIE DE PARIS

Pendant la semaine que dura l’agonie de Paris, « la semaine sanglante », quiconque avait aux pieds des godillots, à l’épaule la meurtrissure produite par le recul du fusil, aux mains la souillure de la poudre, était fusillé sans jugement.

Les calomniateurs de la Commune lui reprochent le massacre des otages ; mais il fut commis après que le gouvernement de la Commune était tombé. Ils ne disent pas que les Parisiens étaient traqués comme des bêtes fauves, et que, si Paris se laissa aller à fusiller quelques hommes de Versailles, il ne fit qu’exercer des représailles et pas autre chose. Mais n’anticipons pas.

Le gouvernement de Versailles voulait écraser Paris ; il ne se pressait pas, il entourait la ville lentement, mais sûrement, d’un cercle de fer et de feu qui, toujours, allait se rétrécissant. Ainsi qu’une pieuvre qui guette sa proie, étend ses tentacules, les troupes versaillaises s’avançaient, s’emparaient un à un des forts. C’est pendant que la ville était en pleine quiétude, au milieu d’une fête de charité, que les portes furent ouvertes par trahison et que la nouvelle de l’entrée des pantalons rouges se répandit.