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LA RÉSISTANCE

Alors, quand l’ennemi est dans les murs, quand chacun a le sentiment que, derrière la barricade, il défend son quartier, sa femme, ses enfants, l’ouvrier parisien se dresse : c’est la guerre des pavés, c’est la résistance désespérée d’une population qui n’a plus rien à perdre. À côté des hommes valides, on voit leurs femmes, intrépides, on voit les barbes blanches des insurgés de 48 ; les enfants aussi se jettent dans la mêlée et se battent en héros. D’après Maxime Du Camp, le nombre des enfants tués pendant la Commune se décompose comme suit :

237 enfants de 16 ans
226 14
47 13
21 12
11 11
4 10
1 8
1 7

Le même écrivain évalue à 12 ou 13,000 le nombre des enfants qui prirent part à l’insurrection et qui apportèrent un contingent d’activité et de valeur dont les troupes versaillaises eurent à supporter l’énergie redoutable.

Il y eut des femmes aussi qui tombèrent le fusil à la main. Le fameux bataillon des Parisiennes, place Blanche, comptait 120 fusils ; place de la Bastille il y en avait encore 60. Ces femmes se battaient tout le jour comme des furies, ayant au corsage une branche de lilas cueillie dans les jardins de Paris, elles se battaient pour venger un frère, un mari, un amant, et on vit, dans les rues de Paris, aux rigoles rougies de sang, des cadavres en jupons et à longs cheveux, frappés par des balles versaillaises.

Jusqu’au dernier jour, ces héroïnes luttèrent, réclamant leur part de cartouches, et il s’est trouvé un Maxime Du Camp pour accomplir cette besogne de chacal : calomnier ces femmes, qu’il traita de prostituées et ces enfants qu’il dépeignit comme des gamins vicieux, graine de bandits, qu’on avait bien fait d’exterminer. (Appl.)