Page:Vandervelde - Vive la Commune.djvu/15

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C’était une infâme calomnie ; oui, certes, il y eut parmi ces vengeresses des prostituées à côté d’honnêtes femmes. Mais, en supposant que cela fût vrai, que toutes ces femmes fussent des prostituées, tous ces enfants, des gamins pourris par les prisons, y aurait-il un réquisitoire plus violent, contre le régime capitaliste, que le fait d’avoir réussi à soulever même la chair à plaisir et la chair à canon, crachant leur mépris à la face de cette société qui les a réduits à la misère et à la honte !


LE MASSACRE DES OTAGES

La Commune avait décidé que chaque fois qu’on fusillerait un Communard à Versailles, on fusillerait 3 otages à Paris. On arrêta des gendarmes, des prêtres, un archevêque et on fit savoir à Thiers que s’il voulait rendre un seul prisonnier, Blanqui, vieillard qui ne pouvait avoir d’influence sur l’issue d’une insurrection, la Commune restituerait les 60 otages et s’engageait à n’en plus arrêter de nouveaux.

Thiers, ayant en main la vie des 60 otages, y compris l’archevêque de Paris, répondit à cette proposition par un refus formel.

La Commune n’a jamais exécuté son décret sur les otages ; quand ceux-ci furent massacrés, Paris était écrasé, sans chefs, il n’y avait plus de Commune. Un des membres de celle-ci, Varlin, faillit être écharpé par la foule, parce qu’il s’opposait au massacre, la suppliant d’épargner cette tache à l’histoire de la Commune.

Qui donc peut être rendu responsable de la mort de l’archevêque de Paris et des soixante otages ? Est-ce Thiers ou la Commune ? Thiers, qui pouvait les sauver, ou la Commune qui refusa de les mettre à mort ?

(Dans la salle, plusieurs voix répondent : « C’est Thiers ! » Applaudissements prolongés.)

Si même la Commune avait exécuté son décret sur les otages, elle n’aurait fait qu’imiter ce qui se fait dans toutes les guerres, elle n’aurait fait que suivre les errements du passé. Mais nous avons le droit de proclamer fièrement que, depuis le 18 mars jusqu’à la fin de mai, pendant tout le gouvernement de la Commune, il y eut bien quelques