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Et ces vandales, ces pillards, ont l’audace de s’indigner des incendies de la Commune de Paris !


LE PROGRAMME DE LA COMMUNE

Jugeons froidement les événements. Le programme de la Commune fut, un jour, lu à la Chambre par M. Schollaert, qui espérait épouvanter les populations.

Pendant cette lecture, à mesure que les articles défilaient, il se produisait dans l’assemblée un phénomène singulier. Les députés de la droite s’entreregardèrent ; leur physionomie exprimait la surprise. « Mais c’est tout simplement le programme socialiste, le programme progressiste même ! » pensaient-ils.

Le programme de la Commune réclamait l’autonomie communale, la séparation de l’Église et de l’État, la reprise par l’État des ateliers abandonnés, la réorganisation de la bienfaisance, etc., etc.

Si bien qu’un député de la droite, après la séance, me parlant de son collègue qui avait lu le programme communal, me disait ; « Mais ce Schollaert est un maladroit ! Pourquoi diable est-il venu lire cela ? Est-ce qu’il avait besoin de faire insérer aux Annales un programme aussi anodin, aussi peu révolutionnaire ? »

Le gouvernement communard était composé d’une minorité socialiste et d’une majorité de Jacobins à l’ancienne mode. Il était animé de bonnes intentions, ses décrets étaient irréprochables, mais ceux qui étaient chargés de les exécuter étaient souvent d’une incapacité complète.


UN ENSEIGNEMENT

Une grave leçon se dégage de cette expérience historique. Supposez qu’à Charleroi, en 1886, l’émeute ait triomphé, que la classe ouvrière, presque sans organisation et sans chefs, soit arrivée à la victoire, mais sans avoir la maturité intellectuelle nécessaire pour en tirer profit, ne comprenez-vous pas que cette plèbe, après son éphémère victoire, aurait été bientôt écrasée ?