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les derniers combattants de la Commune, et où ils furent enterrés. Aujourd’hui, ce mur, au pied duquel furent fusillés les communards, porte des inscriptions : « Vive la Commune ! Vengeance pour les nôtres ! » souvenirs sanglants des jours terribles. Cet hommage, rendu aux héros de la Commune, n’est-ce pas la démonstration qu’on n’écrase pas le socialisme en massacrant ceux qui le défendent ? (Appl.)

Les Fédérés de 1871 revivent dans leurs enfants et, au moment où je vous parle, je revois cette superbe et sinistre gravure du Chambard — œuvre anonyme d’un grand artiste, qui les montre, sortant de la fosse commune, se dressant sur le Mur du Cimetière, et brandissant vers Paris la flamme rouge de leur bannière teinte de sang.

C’est en songeant à eux — au souvenir de leur éphémère victoire — que, dans l’histoire de la Commune, on oublie les faiblesses et les fautes des chefs, l’absence d’organisation de la masse, pour ne voir que la première révolution prolétarienne qui ait triomphé pendant quelques semaines.

On conserve le souvenir de ce moment d’espérance où les prolétaires virent pour la première fois le drapeau rouge flotter sur les monuments de Paris et c’est pourquoi, malgré les funèbres souvenirs qui s’y rattachent, le 18 mars n’a pas cessé d’être fêté aux cris de : Vive la Commune !

Ce que je veux faire ici, ce n’est pas l’apologie de la Commune ; je ne vous la peindrai pas sous un jour irréel. Je vous montrerai ce qu’elle a été, je ne cacherai pas les fautes commises, et pour autant que le sentiment qui déborde en mon cœur laisse parler la froide raison, je me bornerai à vous citer des faits.


PARIS APRÈS LE SIÈGE

Au commencement de mars 1871, Paris venait de subir les horreurs du siège ; il était sous l’impression des défaites subies et des trahisons soupçonnées. L’Assemblée de Versailles manifestait des tendances diamétralement opposées à celles de la population parisienne. C’était, disait Crémieux, une majorité de ruraux, qui avait hué Victor Hugo et insulté Garibaldi.