Page:Vanloo, Leterrier et Tréfeu, Le Voyage dans la Lune, 1877.djvu/11

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Où voulez-vous qu’aille un savant comme moi, sinon dans son cabinet de travail ?… Ah ! l’étude, la science, l’industrie ! c’est ma vie, à moi… Vous permettez !… j’ai justement quelque chose sur le feu.

Il fait un mouvement pour s’en aller.
VLAN.

Attends.

MICROSCOPE, à part.

Fichtre !… quatre heures un quart.

VLAN.

Microscope, tu vois un homme bien ému…

MICROSCOPE.

Je comprends ça… après deux heures… (Se reprenant.) après deux ans… revoir votre fils, ce cher prince Caprice !…

VLAN.

Oui, d’abord… mais ce n’est pas seulement ça…

MICROSCOPE.

Il y a encore autre chose ?

VLAN.

Tu l’as dit… Pour le vulgaire, cette fête est une fête ordinaire… Pour moi, c’est un événement capital… c’est la réalisation d’un plan longuement mûri.

MICROSCOPE.

Ah ! bah ! (À part.) Quatre heures vingt !…

VLAN.

Voilà bientôt trente ans que je suis sur le trône. — J’ose me flatter que mes sujets n’ont pas lieu de s’en plaindre… mais moi, entre nous, je commence à en avoir assez… je me sens fatigué, bref, je crains de ne plus être à la hauteur.

MICROSCOPE.

Comment, vous vous en apercevez ? Eh bien ! ce n’est pas pour vous faire un compliment, mais il n’y a pas beaucoup de gens capables de se juger ainsi eux-mêmes.

VLAN.

Alors, tu trouves que j’ai raison ?

MICROSCOPE.

Raison, de quoi faire ?