Page:Vanloo, Leterrier et Tréfeu, Le Voyage dans la Lune, 1877.djvu/33

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MICROSCOPE, entrant. — Il est en costume de travail, le visage pourpre et baigné de sueur.

Allons, chaud ! les enfants ! chaud, ne flânons pas !

UN FORGERON.

Ouf ! je n’en puis plus !

PREMIÈRE FORGERONNE.

Voilà huit jours que nous travaillons sans nous arrêter.

UN FORGERON.

On n’est pas de fer !

PREMIÈRE FORGERONNE.

On a beau être solide, il n’y a pas moyen de résister.

MICROSCOPE.

Voyons un dernier effort… quelques minutes seulement nous séparent du moment où vous pourrez vous reposer. À onze heures tout doit être terminé et il est onze heures moins dix. Ainsi, chaud ! les enfants, chaud !

TOUS.

Oui ! oui !

Ils se remettent au travail avec fièvre.
Moment de vacarme étourdissant.
MICROSCOPE, contemplant ce tableau avec satisfaction.

C’est égal, c’est beau l’industrie…C’est ici mon cabinet de travail… voilà quelques années que je m’occupe de mécanique et de fonderie… C’est grâce à cela que je vais pouvoir expédier le prince Caprice dans une autre planète d’où je suis bien sûr qu’il ne reviendra pas… si même il y arrive… C’est peut-être indélicat ce que je fais là. Mais il me demandait ma démission ! Ah ! non.

DEUXIÈME FORGERONNE, se détachant et venant à lui.

M’sieu, c’est-il vrai que c’est pour aller dans la lune ce que nous fabriquons là ?

MICROSCOPE, la renvoyant.

Oui, oui… allez travailler… c’est égal ! je ne serai pas fâché d’avoir fini… Il y a plus de huit jours que je n’ai pas vu Cascadine, heureusement, elle m’a fait dire que sa tante était encore malade… ça l’occupe toujours un peu, pauvre chérie !

DEUXIÈME FORGERONNE, revenant.

M’sieu… je pourrai-t-il y aller aussi dans la lune ?