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pour le livre, que mon compte-rendu, c’est une lettre de M. Sainte-Beuve à l’auteur.

« Cher Monsieur,

« Avant de recevoir le volume, j’ai lu presque toutes les feuilles. Je ne saurais vous dire le plaisir — et un plaisir mêlé d’émotion — que je trouve dans vos spirituelles, vos gaies, vos tendres et tour à tour poignantes peintures. Ce livre, avec son air décousu, me paraît artistement composé : après une nuit de Madeleine, on a cette scène de la pauvre enfant, toute meurtrie de coups, sur son lit d’hôpital. Ce que vous dites dans ce chapitre sur la morale relative, je me le suis dit bien souvent. Il y a un fond d’humanité qui se dégage à travers ces folles scènes de jeunesse. Le portrait de Velpeau est d’une frappante ressemblance. Enfin le livre m’intéresse beaucoup, et j’ai hâte d’achever. On a prononcé le nom de Murger à cette occasion. Le sujet le rappelle tout naturellement. Mais si c’est du Murger à quelques égards, t’est du Murger de ce soir et au niveau des questions de ce temps-ci. Vous avez su embarquer de la science et de la philosophie sur un courant de gaie et de spirituelle humeur. |

« Ayez bon espoir, il me semble que le côté sérieux et philosophique du livre a déjà été senti par plus d’un critique.

Tout à vous, SAINTE-BEUVE. »

Ainsi patronné et encouragé, l’auteur des Scènes de la vie de Carabin ne s’en tiendra pas là. Je l’attends à son second ouvrage.

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Les questions sociales dans le roman. Les droits de la femme devant la religion et la loi. Rob. Halt et André Léo.

La cause des femmes, de leur dignité, de l’égalité de leurs droits avec ceux de l’homme aura été aussi bien défendue, cette année, dans la littérature que dans la vie publique. Le roman à préludé aux conférences et discussions du Vaux-Hall et autres lieux sur les injustices des lois et des mœurs envers la belle et faible moitié du genre humain ; il les continue, et, dans le roman comme dans ces fameuses réunions publiques, les femmes, ne se confiant pas entièrement à leurs champions du sexe fort, prennent en main leur propre défense. On peut voir, ce-