tableau que je viens de préſenter, deviendrait celui de la réalité.
Personne n’oſera en conteſter la poſſibilité, pour peu qu’il veuille ſe prêter aux réflexions ſuivantes ; car on pourroit,
- Épargner quelque choſe ſur la conſommation de cette troiſième partie.
- Semer un peu plus de Bled, & le cultiver mieux qu’on ne le fait actuellement.
- Compenser une partie de la totalité du Bled que nous conſommons, par l’uſage des Pommes de terre.
Ces trois moyens économiques, ſagement combinés, équivaudront aiſément à ce tiers qui nous manque, & dès-lors notre objet ſera rempli.
Qui empêcheroit, en effet, qu’à l’exemple de pluſieurs autres Nations, nous nous accoutumaſſions à manger un peu moins de Pain que nous l’avons fait jusqu’ici, à l’exception toutefois des deux années précédentes, pendant leſquelles beaucoup de perſonnes ont été forcées de retrancher de leur nourriture plus que je ne le demanderois & qu’on ne le doit réellement ? Par cette ſeule attention, nous gagnerions pour le moins un huitième de la quantité de Bled qui nous manque.
Si nos Paysans continuent à porter dans nos Campagnes la même induſtrie que l’année derniere, (1770) & en améliorer la culture avec autant de ſoin qu’ils l’ont fait, nul doute que les terres ne rendent beaucoup davantage, & que leur produit ne diminue conſidérablement la néceſſité où nous sommes de recourir à l’Étranger.
Enfin, que l’on prenne généralement la réſolution d’ajouter une partie de Pommes de terre, à deux parties de Farine de Froment, pour en faire du Pain, voilà très-certainement cette troiſième partie de Bled que nous tirons de l’Étranger, toute trouvée, ſans sortir du Pays, ou du moins, la voilà complettement remplacée.