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Méthode ſure pour faire du Pain

Lorſqu’avec cette pâte vous aurez formé des Pains, ayez l’œil à ce qu’ils ne s’enflent ou ne lèvent pas trop.

La pâte doit être plus ferme que pour du Pain de pur Froment, & le Four demande une bonne chaleur.

Si on vouloit faire entrer du Seigle dans ce Pain économique, les doſes ſeroient ainſi :

Farine de ſeigle. 
 ſept livres.
De Froment. 
 quatorze livres.
De Fèves. 
 trois livres.
Pulpe de Pommes de terre. 
 douze livres.

Pétriſſez le tout comme il vient d’être dit.

Quant au Sel, il en faut un peu plus que ce que l’on en met ordinairement pour vingt-quatre livres de Farine de Bled, à cauſe de la douceur naturelle de la Pomme de terre.

Il n’est pas néceſſaire ſans doute, d’avertir que lorsqu’on prend de la Farine de Bled en plus grande quantité que je l’ai prescrit dans la recette, on doit augmenter la dose des Pommes en proportion. En général, on les met par moitié du poids de la Farine ; c’est-à-dire, qu’elles font un tiers du mélange total : ainsi pour vingt livres de Farine de Bled, il faut dix livres de Pommes de terre cuites ; & il en faudroit quinze livres, s’il y avoit trente livres de Farine.

On concevra aiſément l’immenſe avantage de cette pratique, ſi l’on réfléchit que deux livres de Pommes de terre cuites, produiſent une livre de Pain ; ou que ſept quarts de cette Racine, égalent en produit quatre quarts, ou un ſac de Bled ; & que le Pain fait ſuivant ma méthode, est auſſi bon, auſſi agréable au goût, que du Pain de pur Froment.