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Lettre d'un Citoyen

ſeule gelée aſſez forte pour pénétrer en terre jusqu'où eſt la Pomme, on peut être aſſuré qu'il n'en repouſſera pas au Printemps. Je me trouve d'autant plus obligé de donner ici cet éclairciſſement, que je me ſuis mal expliqué à ce ſujet dans mon Mémoire, ayant paru appliquer aux Pommes de terre, ce que je n'entendois dire que des Topinambours. C'eſt une faute que j'ai moins de peine à reconnoître, que j'en aurais à la laiſſer ſubſiſter, puiſque dans le Mémoire, comme dans cette Lettre, je n'ai eu & n'ai d’autres prétentions, que de rendre des faits bien conſtatés, & que je ſoumets à l’expérience de tous ceux qui voudront s'en aſſurer par eux-mêmes. Je renvoie à ce Mémoire qui ſe trouve chez Machuel, rue Saint Lo, à Rouen, ceux qui voudront prendre connnoiſſance de la culture des Pommes de terre, de leur uſage & de la manière d'en faire du Pain. J'ajouterai ſeulement ici deux procédés que l’expérience a fait reconnoître plus ſimples, & par conſéquent préférables à ceux que j'ai indiqués. La Machine que j'ai propoſée pour broyer les Pommes de terre, étant au-deſſus de l’intelligence & des moyens de pluſieurs Habitans de la Campagne, qui ne font gueres uſage que des uſtensiles qu'ils connoiſſent, & qu'ils ont ſous la main, il a été trouvé plus ſimple de leur indiquer de préparer les Pommes de terre d’une manière plus à leur portée.

C'est après les avoir bien lavées à pluſieurs eaux, pour les purger de la terre, dont ſont ſur-tout remplies les petites cavités où ſont logés les germes, de les faire cuire dans de l’eau bouillante ; & après les avoir laiſſées égoutter & rafraîchir dans un panier, de les mettre par partie dans une paſſoire ; & uſant du même procédé, qui leur eſt familier, pour les pois, de les réduire en purée, obſervant de mettre à part chaque fois le marc qui reſte au fond de la paſſoire, pour le donner aux Beſtiaux, qui le mangent très-bien. Lorsque l’on a obtenu ainsi une quantité suffiſante de purée, ſelon la quantité de Pain que l’on veut faire, après avoir dispoſé le levain à l’ordinaire, obſervant cependant d’y en mettre un peu plus, on jette avec ce levain détrempé dans l’auge à pétrir, une quantité égale de cette purée & de Farine,