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à ſes Compatriotes.

& on pétrit le tout enſemble, ſans y ajouter d'eau, ſi on peut l’obtenir de ceux qui pétriſſent ; car moins on y mettra d'eau, plus l’opération ſera pénible, mais plus le Pain ſera léger, beau & bon. On obvie ainſi à l’opération de peler les Pommes de terre ; ce qui ne peut ſe faire ſans perte de temps & de matière.

L'autre méthode eſt encore plus prompte, plus facile ; c'eſt de faire cuire les Pommes, comme on vient de le dire ; de les écraſer telles qu'elles ſont, dans un baquet, & de les réduire en pâte ; & après avoir fait la mixtion de Farine, de bien pétrir le tout enſemble. L'expérience a fait connoître que cette opération bien faite, ſur-tout par des bras vigoureux, achevé de diſſiper la peau des Pommes, déjà réduite en petites parcelles par le broyement, de façon qu'on n’en apperçoit point de marques dans le Pain.

Les bouches plus ou moins délicates, auront à choisir celui de ces procédés qui leur conviendra le mieux. L'un & l'autre eſt d'une exécution plus prompte, plus facile, & par conſéquent préférable.

Celui qui n'a en vue que le bien public, ne doit avoir d'autre opinion que celle qui y eſt la plus favorable.

Parmi tous ceux de mes Compatriotes qui penſeront & jugeront ſelon cette maxime, la culture des Pommes de terre ne trouvera gueres de contradicteurs.

Je ne ſaurais finir, ſans rendre ici publique la reconnoiſſance que nous devons à ce ſujet, à l’illustre & bienfaisant Gouverneur de cette Province : on ſait que perſonne ne connoît mieux, ne ſait mieux priſer & faire valoir les différentes branches d'Agriculture ; convaincu de l’utilité de la culture des Pommes de terre, il a voulu, pour le bien du Pays qu'il habite, en faire cultiver à l’abri des forêts de mûriers qu'il a plantées.

Cést lui, qui, en ranimant mon zèle, m'a recommandé de